Contre l'échec.
Blog sur "apprendre autrement"
Echecs : terme incontournable
Donc : autrement ? Inévitable.
L’expression est banale. On la trouve abondamment répandue dans les livres de pédagogie et sur Internet. Pour autant sa signification est-elle plus claire ? L'adverbe "autrement" en particulier devrait poser bien des interrogations. Par rapport aux pratiques scolaires, on devrait sans cesse se demander pourquoi ou moment où on conduit telle ou telle action, quelles orientations on poursuit et quelle organisation on a choisie pour arriver à un but. Ce sont des questions employées pour le management : mais pourquoi pas ?
L'école, en tant qu'institution, est une affaire publique soumise à tous les jugements et à tous les critiques des concepteurs aux utilisateurs. Elle est d'autant plus mal placée que différents publics s'intéresse à elle : les politiques, les parents, les commerçants, les nouveaux coachs faiseurs de miracles…
Autre malheur, il y a les vacances et les rentrées scolaires qui sont autant d'occasions de parler de l'école dans les médias et bien entendus de promulguer sa faillite. Mais contrairement à l'émission connue ont fait rarement entrer l'accusé.
Tout se passe au niveau de l’opinion et chacun sait que cette manière est particulièrement incohérente et circulante. Chacun a la parole : le ministre et les hommes politiques, cela va sans dire, les parents d'élèves, les téléspectateurs, le commerçant du coin poussé par le changement des dates de vacances ou les horaires scolaires, les spécialistes de la santé et les chercheurs en sciences de l’éducation que l'on n’écoute pas, les élèves eux-mêmes qui râlent ou chahutent au lieu de travailler.
Je n'ai fait que renforcer quelques traits composant ce beau tableau impressionniste.
Face à cette énumération sinistre on serait tenté de ne rien faire. Mais ce serait oublier les 10 % de laissés pour compte souffrant d'illettrisme dont la souffrance ne s'exprime pas sur la place publique ; avec les victimes du harcèlement, ils peuvent un jour de faire connaître par un suicide car l’école n’est pas une société idéale.
Par contre c’est le lieu parfait du « non-dit » sauf sur thèmes parentés : dates des vacances, rythmes scolaires. On en parle car ça touche les agences de voyages, l’ouverture des grandes surfaces, les services municipaux pour suppléer aux carences en fin d’après-midi.
40 ans de carrière de formateurs et 18 années de lutte contre l'illettrisme incluant de nombreuses batailles à contre-courant de l'opinion commune motorisent à présenter une version sans prétention de ce que l'on pourrait faire pour corriger ses erreurs et ses échecs. Quitte à mettre les pieds dans le plat sur quelques points qui vont déranger quelques caciques de la pédagogie ronronnante.
Cela déplaira à qui se sentira morveux. Ceux qui font leur boulot d’une manière éclairée se contenteront de piquer sur ce blog quelques exercices pour intéresse leurs élèves. Me comprendront donc des formateurs ouverts et actifs – il y en a - et des parents se posant des questions sur l’avenir de leurs enfants. Si je réussis à déclencher ce double type de réaction, cela me suffira.
Echecs : un mot redoutable.
Des causes d’échecs qui interrogent ?
Les faits sont là, incontournables. Les médias les ressassent. Ils ont pour noms : illettrisme, redoublements, abandon des études universitaires, préoccupations des parents, chômage … On en parle, oui, mais … Où sont les analyses et les remèdes ?
De temps en temps, un coup de froid survient sur l’Hexagone avec la publication du rapport « Pisa 2009 » par exemple. La France pédagogique est obligée d’enfiler son bonnet d’âne.
Quelles sont les raisons de ces mauvais résultats ? Que se passe-t-il dans les classes, en particulier pour cet apprentissage fondamental de la lecture dont dépend la suite du parcours scolaire ?
Sur un plan général, toute action humaine d’une certaine importance se déroule selon un schéma classique qui va d’une prévision à l’exécution et à une évaluation. C’est une sorte de protocole, bien étudié par les managers, que des expériences et des apprentissages répétés transforment en habitudes plus ou moins bien automatisées. Certes, ce n’est pas aussi systématique ou systémique qu’en cybernétique mais cela favorise une bonne efficacité pratique. Les schémas mentaux acquis servent de repères pour les actions à venir. Différents facteurs peuvent intervenir ; des variantes ou des péripéties peuvent perturber le projet d’origine. Des constantes demeurent cependant qui peuvent être utilisables dans la conduite d’une séance d’apprentissage, en lecture, par exemple. Les spécialistes de la mémoire parlent de « répertoires » dans lesquels on va puiser selon les besoins. Nous en aurions acquis portant sur les formes, les signes de la langue, les associations d’idées, les schémas action, la grammaire etc. La difficulté, c’est l’apprentissage.
Une condition est à respecter : il faut éviter la perversion de ces outils en routines formelles
Dans le jargon pédagogique, des expressions « consacrées », (comme à la messe) circulent. Elles forment une sorte de litanie qui a parfois comme effet d’en occulter la signification. Par exemple : faire la classe, « leçons » ( ?) ou livre de lecture, méthodes syllabiques, mixtes ou globales, familles défavorisées … pour ne citer que les plus communément ressassées, parfois comme des alibis, dans deux hauts lieux de la pensée : les médias et les cours de récréation.
Une dimension est oubliée, alors qu‘elle devrait être au centre du débat en tant qu’objet de la lecture, c’est « l’écrit », cité nommément par le rapport Pisa. A l’école on se sert de ce matériau mais on s’interroge peu sur sa complexité et les difficultés spécifiques de ses apprentissages. Un long chapitre sera consacré à ce thème.
Pour les causes qui seront passées en revue, un examen attentif sera conduit pour deux raisons principales : la première consistant à ne pas se contenter de les invoquer dans une conversation banale ou dans les médias ; la seconde parce que les liens de causalité pouvant exister entre elles et les souffrances humaines provoquées ne peuvent pas être pris à la légère. Psychologues et sociologues insistent depuis peu sur l’incidence sur nos comportements de facteurs affectifs tels que la confiance en soi ou l’estime de soi. Pour un élève en difficulté, par exemple, la séance de lecture à voix haute, en public, est la pire des épreuves.
La recherche des causes n’est pas toujours un sport facile à pratiquer étant donné les interactions entre d’innombrables facteurs. Les points de vue adoptés au départ de l’analyse sont capitaux. Les options méthodologiques s’avèrent déterminantes. La nécessité d’assumer la complexité du réel est une des premières règles. Il y a, en lecture comme dans toute action humaine, des causes très générales et d’autres plus spécifiques.
L’illettrisme, les échecs scolaires touchent des élèves ou des adultes. Ils doivent être au centre des préoccupations pédagogiques. C’est à cause du manque de connaissances sur ce sujet que l’école de Jules Ferry a montré quelques faiblesses dans le choix de méthodes de lecture. Vers 1900, compte tenu de l’état des connaissances sur l’enfant, l’apprentissage, la communication, la lecture … ce n’était peut-être pas évitable. Mais, à notre époque cette absence d’analyse critique est inexplicable. Certes des recherches sont conduites mais elles sont d’un trop haut niveau spéculatif et sont si peu diffusées qu’elles n’ont pas de portée réelle sur l’action pédagogique. On pourrait davantage solliciter les chercheurs et les universitaires sur ce point. Certains ont ce souci : un de mes anciens prof. De Fac. a publié un ouvrage sur le traitement de l’information qui devrait être étudié pour la formation des professeurs des écoles pour faire cesser les éternels gémissements sur « le manque de … » (Varet : la science et son information à l’heure d’Internet. P.U.F.)
Une analyse critique inévitable principalement sur le plan de la LECTURE, cause principale des échecs scolaires.
Y a-t-il des responsables, coupables ou non ?
« Qui se sent morveux, qu’il se mouche. » comme dit le proverbe. Ceux qui font leur boulot d’une manière éclairée et méthodique ne se sentiront pas écornés.
Les causes d’échec sont connues : il suffit de les soumettre à un « doute méthodique », comme l’avait recommandé notre René national au XVII° siècle.
Ce sont : les routines scolaires, les « méthodes » de lecture, l’influence des milieux défavorisés, l’écrit lui-même.
Cela analysé, il restera à comprendre exactement en quoi consistent les dimensions de « l’acte de lire ».
Ces « autres » manières de concevoir l’action éducative étant explicitées, il suffira d’y ajuster des pratiques d’apprentissage mieux orientées et organisées.
Ce sera la partie « applications » servant de justification et de preuves aux thèses - parfois un peu polémiques – avancées sur ce blog.